La disparition des défunts. Le cimetière de Saint Dalmas de Tende après la tempête Alex
Projet pluridisciplinaire, engagé en octobre 2022, dont la phase exploratoire aujourd’hui achevée, a été soutenue par l’Académie 5 (stage environné) et par la MSHS Sud-Est.
Porteur de projet
Agnès Jeanjean (LAPCOS)
Partenaires
- ESPACE, Karine Emsellem
- LAPCOS, Agnès Jeanjean et Philippe Hameau
Dates
2022 - 2024
Sources de financement
MSHS Sud-Est, axe 4
Objectifs
En octobre 2020, la tempête Alex a en partie emporté deux cimetières : l’un à Saint Martin-Vésubie et l’autre à Saint-Dalmas-de-Tende.
A Saint Dalmas, la Bieugne a éventré un grand nombre de tombeaux. 150 tombes ont disparu. Des corps, des cercueils ont été emportés parfois jusqu’à la Méditerranée. La tempête a, en quelque sorte, brouillé les temporalités, les frontières entre les espaces des morts et ceux des vivants. Ce sont également les représentations de la "nature" et du paysage qui en sont bouleversées. Il est alors apparu intéressant de porter sur ce territoire, sur le cimetière et les pratiques funéraires, un regard anthropologique, géographique et archéologique afin de suivre la façon dont les acteurs locaux et les habitants donnent forme et sens à cet évènement, à ces pertes. Comment envisagent-ils et elles l’avenir ? Comment œuvrent-ils et elles à rendre leur territoire habitable ? Comment individuellement et collectivement des réactions et des actions émergent-elles ?
Des dispositifs individuels sont déployés, plus ou moins pérennes, plus ou moins formalisés : construction de cénotaphes de fortune dans le lit de la rivière approximativement à l’emplacement des tombes et caveaux emportés, autant de cartes mentales de l'ancien cimetière qui démontrent le caractère collectif du site et la place qu'il occupait, dialogue particulier avec la mairie, etc. Il est aussi des réponses collectives : édification d’une plaque commémorative, ou encore un projet de reconstruction du cimetière. L’événement révèle et, tout à la fois, bouleverse les rites funéraires ; l’organisation spatiale du village telle que les places et temporalités assignées aux défunts, l’entretien du cimetière, contribuaient à le structurer. La destruction du cimetière bouleverse également la construction des mémoires individuelles et collectives, locales ou familiales. Certains aspects sont maintenant à explorer de façon systématique - Les tensions politiques et constructions identitaires. La situation du cimetière, partiellement comblé par des galets, sans aucune reconstruction et très peu d’entretien, ravive des clivages identitaires (Tende/Saint-Dalmas-de-Tende, France versus Italie, Saint-Dalmas-de-Tende versus Saorge ou Breil-sur-Roya).
- Les dispositifs temporaires : qu’il s’agisse des corps déposés au cimetière de Tende, en attente d’identification, ou les cénotaphes de fortunes, la dimension temporaire des dispositifs transforme les pratiques funéraires et les espaces.
- Les transformations plus pérennes : les mécanismes de reconstruction mémoire collective, réaménagement matériel du cimetière, nouvelles ritualités.
- Les relations à l’environnement, à la rivière, aux évènements climatiques : formes d’attachement, réactivation de liens anciens, création de nouveaux liens.
Actualités, évènements
Une journée de restitution participative est prévue à Saint-Dalmas-de-Tende, au cours de laquelle nous exposerons nos premiers résultats.
Cette rencontre fonctionnera comme un "focus groupe". Nous recueillerons des points de vue diversifiés que nous mettrons en perspectives pour enrichir nos analyses.