Corrélats comportementaux et neuronaux de la production du langage

Résumé : ce projet vise à caractériser les corrélats neuronaux des processus linguistiques qui sous-tendent la production orale.

Porteur de projet

Raphaël FARGIER (BCL, Université Côte d'Azur)

Partenaires

Dates

2024-2025

Sources de financement

  • NEUROMOD

Objectifs

Notre capacité à transformer nos pensées en mots est l’une des plus fascinantes de la cognition humaine.
Bien que cela paraisse automatique et facile, parler est le résultat de nombreux processus complexes réalisés par le cerveau en seulement quelques centaines de millisecondes, une machinerie neurocognitive qui reste largement débattue.
Ce projet vise à caractériser les corrélats neuronaux des processus linguistiques qui sous-tendent la production orale. Par exemple, plusieurs études montrent que tous les processus qui sous-tendent la production du mot (e.g. activation conceptuelle, sélection lexicale, encodage phonologique) ne sont pas affectés de la même manière par des distracteurs. Par ailleurs, ces processus pourraient avoir une dynamique différente selon la tâche ou le type de mots à produire ; impliquant que l’EEG est la méthode la plus utile pour rendre compte de ces phénomènes.

Nous combinons approche comportementale et électroencéphalographique (EEG) afin de rendre compte de la dynamique temporelle des activations neurales qui sous-tendent la production de mots. Plusieurs questions de recherches nous intéressent :

  1. L’altération de la reconnaissance d’une image (e.g. dénomination d’image visuellement dégradées) affecte-t-elle la récupération et la production des mots ?
  2. Est-ce que tous ou seulement certains processus sont modulés en fonction de la vitesse de production ?
Méthodologie :
La tâche est informatisée.
Après une croix de fixation, une image apparaît à l’écran. La tâche du participant est de dénommer à voix haute l’image le plus correctement et le plus rapidement possible (e.g. "canard" si l’image représente un canard). Chaque image reste à l’écran pendant deux secondes puis un nouvel essai commence. Les images présentent une variation du degré de visibilité puisqu’un masque poivre et sel a été appliqué aux images soit avec une forte densité de masquage (40 %) soit une faible densité (5 %) avec l’hypothèse qu’un masque dense affecte d’autant plus la reconnaissance de l’image à dénommer.
La tâche dure environ 30 minutes, ce qui équivaut à environ 1h30 de passation expérimentale (consignes, pose du bonnet, tâches, nettoyage). 30 participants sont prévus.

Résultats

Les résultats préliminaires (15 participants) indiquent une moins bonne précision des réponses et des temps de latences allongées pour les images présentant une forte densité de masquage. Les analyses EEG prévoient d’utiliser la segmentation/clustering en micro-états afin d’isoler les processus linguistiques modulés par la manipulation expérimentale.

En d’autres termes, est-ce que c’est la phase précoce (<200ms) de reconnaissance de l’image, la phase de sélection lexicale (200-300ms), la phase d’encodage phonologique (>300 ms) ou toutes ces phases qui sont ralenties par le masquage des images?